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6 mai 2007. Tentatives d’explications blogosphériques
« Putain ça me démange, quand je pense à cette bande de vieux grabataires, d'abrutis ou d'égoïstes (au choix) qui nous collent 5 ans avec un vendeur d'aspirateur, j'ai des envies de meurtre. Certes, tout seul contre 53 et quelques pour cent de mes compatriotes je ne vais pas aller loin, mais je préfère m'énerver plutôt que d'en appeler à la réconciliation nationale : la victoire est claire, le mandat pour les réformes, bref toutes choses destinées à me faire avaler la bonne potion du docteur Sarko, et avec le sourire, encore. Il faut bien se défouler.
« Au fond, je suis triste que tant d'électeurs, notamment dans les classes populaires, puissent voter contre leurs intérêts - et pourtant j'ai tort de raisonner ainsi. D'abord parce que je ne vote pas moi-même avec mon intérêt direct en ligne de mire, ensuite parce qu'il faut, de la part de ces électeurs moins bien lotis, un certain courage pour appeler sur eux-mêmes la foudre des réformes et du démantèlement du service public en s'imaginant que c'est la meilleure façon de sortir du marasme (ou de l'impression de marasme). Fillon, notre sémillant futur premier ministre, n'a pas tort quand il se félicite d'un vote "positif" : c'est un vote motivé par la peur du déclassement et des jeunes, un vote pour que les plus bas que soi s'en prennent pour leur grade, mais c'est aussi un vote qui appelle un agenda de réformes - sur le modèle "no pain, no gain".
« Et le prix à payer est élevé. Croire que la France ira mieux quand le "travail sera libéré" n'est pas incohérent (même si c'est sans doute faux) ; devoir en passer par la réaction généralisée, c'est pathétique. Il est terrible d'avoir à subir ce package de la haine de classe, des défiscalisations pour investisseurs immobiliers et autres rentiers, des lois répressives et inutiles, et de toute cette idéologie de chiottes matinée de néo-pétainisme. Les pragmatiques diront que la récupération des électeurs du FN était à ce prix, mais j'aurais préféré que l'offre politique n'épouse pas à ce point les contours crasses de la basse démagogie.
[…]
« Ce qu'il nous aurait fallu, et ce qu'il nous faudra, c'est un programme plus clair qui associe des réformes vraiment efficaces avec un autre impératif de justice sociale. Il est scandaleux d'entendre lier valeur travail et coup de pouce aux héritiers, mais il est encore plus pénible de voir que personne à gauche n'a eu les moyens de contester ces élucubrations. C'est ce manque de vision politique, du rôle de l'État, de la frontière entre public et privé, entre intervention et libre entreprise, ou de l'autre côté d'une perception renouvelée des mécanismes de reproduction de classes et des inégalités, qui ont cruellement fait défaut à gauche. En se laissant enfermer dans la vision binaire et moralisatrice de la droite ou la cote mal taillée du déclinisme, l'élection était perdue d'avance. »
guillermo
« Ma collègue repart de plus belle : « Avec les gitans qui se sont installés à côté, tu vas voir que des rats, ça va en attirer de plus en plus, on ne risque pas de s'en débarrasser. » J'ai été à deux doigts de lui parler d'autres rats, ceux de La Peste de Camus, mais je me suis dit qu'elle ne comprendrait pas l'allusion et je me voyais mal lui expliquer sans que ça dégénère. Alors je me suis tu.
« En fait, c'est ça le problème. On a capitulé. On ne contredit plus ces crétins, alors ils croient qu'ils ont raison et n'ont même plus honte de leurs idées. À la place, c'est nous qui avons honte rétrospectivement d'avoir encaissé leurs remarques racistes sans oser réagir. »
Ma petite blogo-revue… Je tombe donc sur « radical chic », un lieu très schizoïde où, si j’ai bien pigé, un même auteur virevolte de droite à gauche. Provoc, ixième degré, pirouette habile et talentueuse. Donc, je pompe dans « Faut-il insulter les électeurs de Sarkozy ? », signé Guillermo, le lundi 7 mai 2007 :
« Putain ça me démange, quand je pense à cette bande de vieux grabataires, d'abrutis ou d'égoïstes (au choix) qui nous collent 5 ans avec un vendeur d'aspirateur, j'ai des envies de meurtre. Certes, tout seul contre 53 et quelques pour cent de mes compatriotes je ne vais pas aller loin, mais je préfère m'énerver plutôt que d'en appeler à la réconciliation nationale : la victoire est claire, le mandat pour les réformes, bref toutes choses destinées à me faire avaler la bonne potion du docteur Sarko, et avec le sourire, encore. Il faut bien se défouler.
« Au fond, je suis triste que tant d'électeurs, notamment dans les classes populaires, puissent voter contre leurs intérêts - et pourtant j'ai tort de raisonner ainsi. D'abord parce que je ne vote pas moi-même avec mon intérêt direct en ligne de mire, ensuite parce qu'il faut, de la part de ces électeurs moins bien lotis, un certain courage pour appeler sur eux-mêmes la foudre des réformes et du démantèlement du service public en s'imaginant que c'est la meilleure façon de sortir du marasme (ou de l'impression de marasme). Fillon, notre sémillant futur premier ministre, n'a pas tort quand il se félicite d'un vote "positif" : c'est un vote motivé par la peur du déclassement et des jeunes, un vote pour que les plus bas que soi s'en prennent pour leur grade, mais c'est aussi un vote qui appelle un agenda de réformes - sur le modèle "no pain, no gain".
« Et le prix à payer est élevé. Croire que la France ira mieux quand le "travail sera libéré" n'est pas incohérent (même si c'est sans doute faux) ; devoir en passer par la réaction généralisée, c'est pathétique. Il est terrible d'avoir à subir ce package de la haine de classe, des défiscalisations pour investisseurs immobiliers et autres rentiers, des lois répressives et inutiles, et de toute cette idéologie de chiottes matinée de néo-pétainisme. Les pragmatiques diront que la récupération des électeurs du FN était à ce prix, mais j'aurais préféré que l'offre politique n'épouse pas à ce point les contours crasses de la basse démagogie.
[…]
« Ce qu'il nous aurait fallu, et ce qu'il nous faudra, c'est un programme plus clair qui associe des réformes vraiment efficaces avec un autre impératif de justice sociale. Il est scandaleux d'entendre lier valeur travail et coup de pouce aux héritiers, mais il est encore plus pénible de voir que personne à gauche n'a eu les moyens de contester ces élucubrations. C'est ce manque de vision politique, du rôle de l'État, de la frontière entre public et privé, entre intervention et libre entreprise, ou de l'autre côté d'une perception renouvelée des mécanismes de reproduction de classes et des inégalités, qui ont cruellement fait défaut à gauche. En se laissant enfermer dans la vision binaire et moralisatrice de la droite ou la cote mal taillée du déclinisme, l'élection était perdue d'avance. »
guillermo
Chez « finis africae », je tombe sur une élégante plume, un brin dilettante. Ce passage me parle bien. Il se situe dans le récit de l’auteur, judicieusement intitulé « La Peste », qui parle de conversations de cantine avec ses collègues de travail. L’une d’elles se laisse aller à son racisme ordinaire :
« Ma collègue repart de plus belle : « Avec les gitans qui se sont installés à côté, tu vas voir que des rats, ça va en attirer de plus en plus, on ne risque pas de s'en débarrasser. » J'ai été à deux doigts de lui parler d'autres rats, ceux de La Peste de Camus, mais je me suis dit qu'elle ne comprendrait pas l'allusion et je me voyais mal lui expliquer sans que ça dégénère. Alors je me suis tu.
« En fait, c'est ça le problème. On a capitulé. On ne contredit plus ces crétins, alors ils croient qu'ils ont raison et n'ont même plus honte de leurs idées. À la place, c'est nous qui avons honte rétrospectivement d'avoir encaissé leurs remarques racistes sans oser réagir. »
Une capitulation ? Qu’en pensez-vous ?