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26 février 2006 7 26 /02 /février /2006 16:55

Que naissent cent «gratuits», que disparaisse le papier !

L’avenir de la presse semble appartenir aux prépayés – par la pub et le consommateur – abusivement dénommés «gratuits». L’accélération du mouvement se confirme. À Paris, 20 minutes et Metro vont voir débarquer des petits frères – trois étant déjà «en route» :

– Un quotidien du soir monté par l’homme d’affaires Vincent Bolloré, très tenté par les médias (candidat à Libé et à France Soir), bricolant avec une télé TNT (Direct 8) et la « Radio des nouveaux talents » (sur internet), tandis qu’il s’est offert le groupe publicitaire Havas.
– Un quotidien du soir également, centré loisirs et télé, en préparation par le Figaro (Dassault).
Le Monde ne se veut pas en reste, discutant aussi d’un gratuit avec son nouvel actionnaire Lagardère (Hachette Filipacchi Médias).
– Un quatrième pointerait aussi sous nez sous la houlette du réseau Ville Plus
monté par quelques quotidiens régionaux.

Je ne parle même pas des périodiques existant ou en projet. Le monde des journaux est «bel et bien» en train de passer dans la nouvelle économie d’une presse entièrement soumise à la publicité.  Les journaux qui traiteront encore avec des acheteurs devront sans doute le faire sur des bases qualitatives élevées – l’information ne pouvant plus se présenter comme un sous-produit, un support publicitaire habillé du tout-venant prêt à diffuser.

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C’est probablement cette stratégie qui conduit des titres plutôt exigeants comme Le Figaro et Le Monde à préparer une contre-offensive. Il s’agit pour eux aussi, de capter une part du marché de la pub qui va désormais transiter par des prospectus informatifs distribués comme tels sous couvert de fausse gratuité. C’est en quelque sorte ce qu’un Colombani (Le Monde) dénomme son «périmètre industriel», c’est-à-dire des organes filialisés lui permettant de tenir à flot son prestigieux et coûteux navire amiral.

L’univers du papier rejoint ainsi celui des médias audio-visuels depuis toujours dépendant des ressources publicitaires. A l’exception (de plus en plus relative) des radios et télés de service public. Et avec les résultats que l’on sait sur l’indépendance des journalistes et les contenus.

Prochaine étape, une affaire d’années, tout au plus de décennie : suppression dudit papier.
Deux cents volontaires vont recevoir un lecteur semblable à un écran d’ordinateur de format A5 , mais aussi fin  et souple qu’une feuille de plastique. Pour obtenir le texte de son quotidien et le lire, il suffira d'en «charger» le contenu comme sur un ordinateur ordinaire. Internet ne sera pas utilisé, mais un réseau urbain de connexion de type Wi-FI. Une fois le contenu du quotidien chargé, la lecture pourra se faire hors connexion.
Philips va lancer à titre d’essai entre avril et juin prochains, un journal sur «papier électronique».

Les amoureux du papier pourront toujours entrer en résistance, ou imprimer leur canard préféré sur papier – ce que les éditeurs ne manqueront certes pas de proposer en fournissant imprimante et papier, se débarrassant ainsi de leurs obligations industrielles et de personnels ruineux.

Avantages économiques et écologiques assurés. Restera à évaluer le coût social d’un tel «progrès». L’idéal – on peut rêver – serait que les ouvriers de l’imprimerie et des transports fussent dès lors payés à ne rien faire. On pourrait juste leur demander de lire le canard électronique, en particulier sa publicité et continuer ainsi à consommer dans le bon sens et à faire tourner la machine marchande…

Au diable l’utopie ! Et les journaux électroniques prépayés auront toujours de quoi commenter les chiffres vertigineux du chômage et de la criminalité. Ah ! «on veut» de l’info « gratos », eh bien on aura de la merde sous plastique, de la mal-info comme de la mal-bouffe et de la mal-société !

«On veut», c’est-à-dire: «le marché nous impose», certes avec une grande complicité coupable. Celle même qui a tué le commerce au sens strict du mot (échange rétribué de biens et de services) pour lui préférer les hyper-temples de la bâfrerie compulsive qui fait préférer le pas-cher-en-toc au bon-et au juste prix.

Voie royale aux rouleaux compresseurs de la finance imposant leurs diktats aux producteurs, amenés à leur tour à surproduire de la camelote bourrée de chimie polluante autant que cancérigène. Le tout aux moindres coûts de main d’œuvre, donc au plus de chômeurs à indemniser, jusqu’à un certain point. Donc au plus de misère et d’insécurités généralisées. Au plus de flics, de prisons, d’hôpitaux, de drames – ce qui fera de la matière à gazettes électro-prépayées !

Allez, je me démoralise. Mais non t’es pas tout seul, mec, y a pleins d’autres blogs tout autour. Et alors ? Alors, ça fait-i de l’harmonie sociale, tout ça ? Ça fait quoi comme musique, dans le bruit chaotique ? Je m' demande.

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