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29 avril 2008 2 29 /04 /avril /2008 13:42
Tandis que les présidents tunisien et français parlent « affaires », de jeunes Tunisiens s’embarquent vers leurs rêves et y rencontrent la mort. Ainsi ce témoignage adressé par la Fédération des Tunisiens pour une Citoyenneté des deux Rives (FTCR) sous le titre « Tragédie d’Aouled al-Mabrouk - Quand l’horizon de la jeunesse des pays du Sud est de périr en Mare Nostra :
 
« Le village d’Aouled al-Mabrouk, comme celui, avant lui, d’al-Hkaïma et encore d’autres régions de la Tunisie d’«en bas », vit sous le signe du deuil depuis jeudi 24 avril quand la mer a rejeté 3 cadavres : les 23 autres candidats à l’émigration sont portés « disparus ».

« Ce n’est pas une première ! C’est le énième acte d’une tragédie toujours recommencée.

« Il suffit d’arpenter les ruelles du vieux quartier de al-M’hamdia (banlieue proche de Tunis) pour mesurer l’ampleur de la pauvreté, du dénuement et du chômage qui sévissent en raison des choix économiques du gouvernement tunisien.

« Depuis le mois de janvier 2008, les jeunes et la population de Redeyef manifestent pour leur droit au travail ; les jeunes des régions de al-M’hamdia, al-Kabbaria, Djebel Jloud, Sidi Frej, Gafsa, Chebba, Malloulech (12 jeunes sont originaires du vieux quartier d’al-M’hamdia) partis, quant à eux, à la recherche d’un travail, d’une vie digne sur la rive nord, ont pris les barques de la mort.

« En effet, le mardi 22 avril 2008 au soir, la barque des 26 jeunes a quitté Aouled al-Mabrouk Cette nuit-là, la famille de Mohamed Dalhoum (l’un des trois morts ramenés par les eaux) a reçu le dernier appel téléphonique de son fils. La famille de Ayman Ben Taïeb Hassine (qui n’a que 17 ans) attend, tout comme les autres familles, d’avoir une information sûre et définitive.

« Ces jeunes savaient a priori que prendre la mer sur des barques de fortune (Harraga) est une opération hautement risquée et extrêmement dangereuse. Leur désespoir et l’absence de toute autre alternative les ont déterminés à côtoyer le danger. Fuir une situation faite de marginalisation, d’exclusion, de sentiment d’injustice, de privation, de perdition, d’absence de tout exercice de la démocratie et d’une répartition égalitaire des richesses entre les fils et les filles de la Tunisie était devenu leur seul et unique horizon. »

>>> La Fédération des Tunisiens Citoyens des deux Rives lance un appel pour faire de la journée du 10 mai une journée de deuil national pour les jeunes de la Tunisie et de tous les pays frappés par le drame des barques de la mort.  Signatures auprès de la FTCR, 3 rue de Nantes Paris 75019 Tél. 01 46 07 54 04 – Fax : 01 40 34 18 15
Courriel : ftcr2@wanadoo.fr - Site : www.ftcr.eu
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7 avril 2008 1 07 /04 /avril /2008 21:28
Il est toujours possible d'examiner la question de la participation de la France (et des démocraties occidentales) aux J.O. en Chine à partir de considérations telles que toute prise de position claire, nette et tranchée passe pour inutile et vaine.

En effet, si on commence par mettre en balance la participation aux J.O. et l'amélioration effective des droits de l'homme en Chine, on peut disserter longuement sur l'opportunité de boycotter ou de participer et se demander à l'infini si c'est la stratégie d'ouverture ou de fermeture qui est la plus à même de produire des résultats positifs.

En effet, que ce soit pour l'épineuse question du Tibet (autonomie ou indépendance, autonomie culturelle ou autonomie politique, liberté religieuse ou reconnaissance en tant que minorité), pour les atteintes à la liberté de la presse, pour l'absence de pluralisme politique, pour l'impossible alternative politique (pas d'opposition libre) il est, à peu près, certain que boycotter ou participer n'aura pas beaucoup d'effets sur la politique conduite par les autorités chinoises. Certains mêmes prédisent que le boycott serait contre-productif.

De plus, si on se demande encore si c'est en participant ou en boycottant que l'on va amener la Chine à abandonner toute volonté de recouvrer sa souveraineté sur Taïwan, à ne plus faire des essais militaires menaçant le Japon, à ne plus faire travailler les enfants, à augmenter les salaires, bref à ne plus jouer la carte du dumping social pour exporter à bas-prix, à respecter l'environnement (la liste des incriminations est longue), à ne plus recourir massivement (voire du tout) à la peine de mort, etc, on risque à nouveau de ne pas être d'accord sur la meilleure attitude à adopter.

Poser le problème en ces termes, c'est se mettre dans une situation où le levier (participation ou boycott) est sans commune mesure avec l'objectif à atteindre (processus de démocratisation globale de la Chine).
C'est, qu'on le taise ou le confesse, se cacher derrière son impuissance et se plier à la réalité (chinoise) telle qu'elle est. Par conséquent, comme il y a de toute manière peu de chances ou d'espoirs que les choses changent - qu'on y aille ou pas -, autant y aller et glaner quelques médailles !!!

Il existe encore une seconde manière de compliquer inutilement la question.

>>>

Cette fois-ci on ne s'interroge plus sur les effets du boycott ou de la participation sur la situation interne de la Chine mais on passe en revue les différentes conséquences possibles pour la France de ce boycott ou de cette participation.

Il existe d'abord le stupéfiant argument économique. Pour que la France puisse continuer à commercer (vendre et acheter mais surtout vendre car on fait comme si les risques n'existaient que pour nous, comme si notre balance commerciale avec la Chine était excédentaire) avec ce pays, il faudrait surtout qu'elle ne fasse pas de vague, qu'elle taise ses idéaux.

Cet argument est stupéfiant car il ignore que le commerce franco-chinois se fait dans le cadre de l'OMC (faut-il le rappeler la Chine a adhéré à l'OMC le 11 décembre 2001 !) et donc que l'idée d'un contre-boycott économique de la Chine ne pourrait se faire sans que la Chine pâtisse en retour de ce choix. De plus, cet argument semble reposer sur l'idée que si les autorités chinoises achètent certains de nos fleurons (TGV, technologie nucléaire avec Areva, A380, etc) c'est non pas parce que nos produits sont compétitifs mais parce que nous les laisserions par ailleurs bafouer les droits de l'homme..... Il me semblait naïvement qu'il en allait de leur intérêt de puissance qui veut s'équiper pour rattraper (avant de dépasser) leur retard technologique et non pas de considérations "humanitaires"....

En clair, il faut avoir l'honnêteté de dire que si nous boycottions ces jeux, nos intérêts économiques ne seraient pas significativement et durablement menacés en Chine.

Reste alors l'intérêt des sportifs! Il est certain que le boycott aux J.O. priverait une génération de sportifs de la possibilité de briller, de remporter des médailles et de s'assurer des subsides collatéraux conséquents.

C'est pourquoi derrière les sportifs ce sont les sponsors qui vont in fine décider! Si la situation se détériore en Chine, en clair s'ils ne peuvent supporter de voir l'image de leurs produits (les sportifs compris) associés à des images péjoratives, ils se désengageront, à condition que cela leur soit possible.

Il ne faudrait pas oublier non plus l'intérêt des médias. Ils ont grâce aux J.O. de quoi remplir leurs grilles, pages, programmes (rubriques sports, politiques étrangères et nationales, économies) et de quoi alimenter leurs espaces publicitaires.

Maintenant si la question du boycott n'était pas polluée par ces considérations "secondaires" (intérêt des sponsors, des médias et manque à gagner pour les sportifs) on pourrait alors se poser simplement la question de la participation à ces J.O.

En effet, la France pays des droits de l'homme, démocratie représentative respectueuse de valeurs supérieures (non-inféodées à des intérêts économiques, mercantiles ou marchands) va-t-elle s'honorer ou se déshonorer en acceptant que des sportifs concourent sous ses couleurs?

Poser en ces termes la réponse me semble si évidente que je me demande même comment certains arrivent à douter de la nécessité morale de boycotter ces jeux.

Mais on me rétorquera, c'est justement parce que les considérations morales font sourire en 2008 que personne (je veux dire ceux qui ont quelque chose à perdre, pour les autres dont moi c'est évidemment plus simple) ne songe sérieusement à boycotter ces jeux.

Triste monde !

En résumé, le boycott n'aura aucun effet (positif ou négatif sur la Chine ou sur les relations économiques) mais la participation fera honte non pas à la France ou aux français mais aux doux rêveurs (dont moi) qui croient qu'il y a encore de la place pour des valeurs ou des idéaux supérieurs aux intérêts économiques, politiques, géostratégiques.

Pascal Heisserer
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14 février 2008 4 14 /02 /février /2008 10:50
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26 décembre 2007 3 26 /12 /décembre /2007 18:44
Un journaliste du Télégramme de Brest, fort de son droit, avait refusé de livrer ses sources à la police judiciaire. Il s’agissait d’une affaire de meurtre impliquant le « milieu » nantais et de l’enquête publiée en juin 2006. Qu’à cela ne tienne, l’opérateur de téléphone se montrerait plus coopératif, et carrément délateur, en livrant à la PJ le relevé des appels téléphoniques de son client et néanmoins journaliste !

Ce contournement policier de la loi semble inédit. Même si des échanges d’informations de ce type ont couramment lieu dans des affaires pénales – ce qui ne saurait les dispenser de légalité –, cette pratique viole ouvertement la loi, en particulier l’article 109 du code de procédure pénale stipulant la protection des sources des journalistes. A part la manière, qui est ici originale, la pratique se répand en France à l’encontre des journalistes, et tout particulièrement de la protection de leurs sources. Rappel :perquisitions dans les locaux du Point et de L'Equipe en janvier 2005, de France 3 Centre en juin 2006, de Midi libre en juillet 2006, tentative de perquisition au Canard enchaîné, cette année..

Plus directement et plus gravement encore, en décembre, le journaliste autonome Guillaume Dasquié a été mis en examen pour compromission du secret défense, après avoir été interpellé à son domicile et placé en garde à vue pendant quarante heures. Cette mesure faisait suite à une plainte de Michèle Alliot-Marie, alors ministre de la défense, après la publication d'une enquête, dans Le Monde du 17 avril, sur les informations de la DST à propos d’Al-Qaida et des attentats du 11 septembre 2001.

La situation de l’information en France est grave. Et, on le voit ici, pas seulement en termes de connivences diverses, sinon ordinaires, mettant en relations « spéciales » gouvernants et industriels-propriétaires de médias. C’est aussi l’ordre judiciaire qui se trouve impliqué dans les pires dérives. Et le tout, comme l’a souligné Guillaume Dasquié dans les récits de sa garde à vue, le tout dans un style fort policé – c’est bien le mot ! –, dans des contextes et des décors « cleans », aseptisés. Finis, les coups de bottin sur la tête, vive la police scientifique et ses inspecteurs proprets, sobres pendant le service, offrant à l’occasion du jus d’Orange à ses « invités »…

A ce propos, il est avancé que les opérateurs de téléphone monnaient à bon prix le genre de renseignements appréciés par la police… Un nouveau marché en quelque sorte.

Autre sujet d’inquiétude, concernant cette fois les rapports entre les journalistes – en particulier locaux, ceux de la presse régionale et départementale – la gendarmerie et la police : ordre d’en donner le moins possible à la presse, sauf exceptions valorisantes. Pour les petites affaires, pas la peine de gonfler les statistiques de la délinquance. On appelle ça la culture du résultat…

>> L'article de protestation du Télégramme [24/12/2007]

Droits des journalistes.  Une atteinte inacceptable
Grave atteinte au principe de la protection des sources d’information : un journaliste du Télégramme constate que le relevé des communications téléphoniques qu’il avait eues dans le cadre d’une enquête, depuis le téléphone mobile mis à sa disposition par le journal, a été transmis à la police à son insu et sans l’accord du journal.
Après le meurtre, à Bénodet, de Bernard Algret, lié au « milieu » nantais, Le Télégramme publiait dans son édition du 19 juin 2006, sur une pleine page, une enquête complète et documentée consacrée à cette affaire. Peu de temps après cette publication, l’auteur de cette enquête était entendu par la police judiciaire qui voulait connaître ses informateurs. Se retranchant derrière le secret des sources journalistiques, notre confrère, comme le lui permettent les dispositions de l’article 109 du Code de procédure pénale, se refusait à communiquer leur identité. Or, plusieurs des personnes avec lesquelles il avait eu contact dans le cadre de ce travail se sont plaintes récemment auprès du Télégramme d’avoir été convoquées et entendues par la police judiciaire. Il est apparu que, sur réquisition du parquet, l’opérateur téléphonique Orange a fourni à la police judiciaire le relevé des communications passées par notre confrère, depuis le téléphone mobile du Télégramme qu’il utilisait, dans le cadre de ses fonctions. La PJ aurait obtenu ce relevé sans que l’accord de la direction du journal, indispensable aux termes de la loi, n’ait même été sollicité. Il y a peu, la Fédération Nationale de la Presse Française rappelait dans un communiqué qu’il ne pouvait y avoir de « presse libre sans la garantie qu’apporte le secret des sources d’information des journalistes ». Elle s’appuyait notamment sur un récent arrêt de la Cour Européenne des Droits de l’Homme, selon laquelle « la protection des sources journalistiques est l’une des pierres angulaires de la liberté de la presse ». La Rédaction du Télégramme constate que ces grands principes sont parfois remis en cause. Comme la Fédération de la Presse, Le Télégramme considère qu’il n’est pas acceptable que des moyens d’instruction permettent de contourner les dispositions légales et de bafouer ainsi les règles protectrices de la liberté de la presse sans lesquelles le droit fondamental du public à être informé ne serait pas pleinement effectif.
Le Télégramme
 
La position de la Société des journalistes du Télégramme
L’affaire relatée ci-dessus rappelle, parmi bien d’autres ces dernières années, que le secret des sources ne peut aller, au quotidien, sans la protection des informateurs des journalistes. C’est l’une des conditions indispensables à une vraie liberté de la presse dans une société démocratique. Certes, l’article 109 du Code de procédure pénale couvre, au moins partiellement, la préservation des sources. Il dispose que « tout journaliste, entendu comme témoin sur des informations recueillies dans l’exercice de son activité, est libre de ne pas en révéler l’origine ». Mais il devient urgent, a minima, de compléter cet article 109, afin de libérer nos informateurs des pressions qu’ils sont susceptibles de subir, actuellement, dans un cadre tout à fait légal.
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7 novembre 2007 3 07 /11 /novembre /2007 23:33
888.jpg « Une étincelle dans l’obscurité islamisteétincelle ne me semblant pas très juste. J’ai failli rectifier par lumière, ou éclair. Après coup (de tonnerre) et à la réflexion, étincelle exprime bien le côté détonnant des propos de cette femme, Wafa Sultan. Propos qui datent pourtant de février 2006… tandis qu’il apparaît que cette vidéo a depuis été chargée et vue depuis des millions de fois. Elle continue à surprendre – comme ici même. Et elle a encore une belle longévité devant elle, d’autant qu’elle fera date dans l’un des débats les plus violents qui secouent aujourd’hui la planète. Les intégristes ne s’y sont d’ailleurs pas trompés, ayant lancé contre cette femme syro-américaine, de facto, une fatwa. Aussi reçoit-elle depuis l’émission sur Al-Jazeera des menaces de morts sur son répondeur du genre : « Vous êtes encore vivante? Attendez et vous verrez ! », ou par courriel, en arabe : « Si quelqu’un devait vous tuer, ce serait moi. » »… J’avais hésité sur le titre, le mot

Wafa Sultan travaille actuellement à la rédaction d’un livre dont le titre prévu est « Le prisonnier échappé : Quand Dieu est un monstre ».

Cette affaire paraît autrement sérieuse que celle des caricatures danoises de Mahomet. C’est bien pourquoi – du fait de la solidité et de la force de l’argumentation – les excités du Coran ne se sont pas risqués à lui faire une publicité supplémentaire, bien trop gênante pour eux, à l’image du « débatteur » de l’émission acculé à proférer des anathèmes.

La toile internet s’est emparée du sujet, ainsi répercuté sur des milliers de sites dans le monde ainsi que sur Wikipédia. J’ai trouvé intéressant de publier ici de larges extraits d’un article paru sur Iran-Resist [opposants à la « mollahcratie » de Téhéran], site qui a d’ailleurs élu Wafa Sultan « Personnalité de l’Année Iranienne ».



[En février 2006], « Dr. Wafa Sultan, une psychiatre Syro-Américaine, était une inconnue de Los Angeles soignant sa colère et son profond désespoir au sujet de ses coreligionnaires musulmans. Aujourd’hui, par la grâce d’une interview inhabituellement acerbe et provocante sur la chaîne Al Jazeera le 21 février, elle est une vedette internationale, présentée par certains comme la voix pure de la raison, et par d’autres comme une hérétique et une infidèle qui mérite la mort.« Dans cette interview, qui a été téléchargée sur Internet plus d’un million de fois en deux semaines et a été transférée par mail des centaines de milliers de fois, Dr. Sultan a critiqué les musulmans, leurs saints, leurs combattants et leurs chefs politiques qui d’après elle ont déformé les enseignements de Mahomet et du Coran vieux de 14 siècles.« Elle a dit que les musulmans du monde, qu’elle compare en leur défaveur aux juifs, se sont enfoncés dans un tourbillon d’apitoiement sur soi et de violence. Selon elle, le monde n’est pas le témoin d’un désaccord des religions ou des cultures, mais d’une bataille entre barbarie et modernité, une bataille que les forces de l’islam violent et réactionnaire vont perdre.

copie-ecran-2.1194480303.jpg« En réponse, les ecclésiastiques musulmans du monde entier l’ont condamnée, et son répondeur téléphonique déborde de menaces de mort. Mais les réformateurs islamiques l’ont félicitée pour avoir dit, et en arabe sur le réseau télévisé le plus vu du monde arabe, ce que peu de musulmans osent dire même en privé.

« Je crois que nos peuples sont otages de leur propre croyance et des enseignements », a-t-elle dit à une journaliste cette semaine [mars 2006] à Los Angeles.

« Dr. Sultan, 47 ans, porte un polo et une jupe très élégante, avec des chaussons fourrés et de grosses chaussettes. Ses yeux et ses cheveux sont d’un noir vif et ses manières simples contrastent avec ses intenses paroles : « La connaissance m’a libéré de cette pensée rétrograde. Quelqu’un doit nous aider à libérer le peuple musulman de ses croyances erronées. »

>>>

« Peut-être ses mots les plus provocateurs sur Al Jazeera sont ceux qui comparent l’attitude des juifs et des musulmans face à l’adversité. Évoquant l’Holocauste, elle a dit : « Les juifs sont sortis de cette tragédie et ont forcé le monde à les respecter, par leur travail de mémoire, et non par leur terrorisme ; par leur labeur, et non par leurs lamentations et leurs cris. »

« S’adressant aux musulmans, elle a continué : « Nous n’avons jamais vu un seul juif se faire exploser dans un restaurant allemand. Nous n’avons jamais vu un seul juif détruire une église. Nous n’avons pas vu un seul juif protester en tuant des gens ».

« Elle a conclu : « Seuls les musulmans défendent leur croyance en brûlant des églises, en tuant des personnes et en détruisant des ambassades. Cette voie ne donnera aucun résultat. Les musulmans doivent se demander ce qu’ils peuvent faire pour l’humanité, avant d’exiger que l’humanité les respecte ».

« Ses idées ont attiré l’attention du Congrès Juif Américain, qui l’a invitée à s’exprimer en mai à l’occasion d’une conférence en Israël. « Nous avons discuté avec elle de l’importance de son message et prévu un rendez-vous pour qu’elle s’adresse aux chefs juifs », a dit Neil B. Goldstein, directeur général de l’organisation.

99-copie-1.jpg« Elle est sans doute la bienvenue à Tel Aviv, plus qu’elle ne le serait à Damas. Peu après l’émission, des religieux syriens l’ont dénoncée comme infidèle. L’un d’eux a dit qu’elle avait infligé à l’Islam plus de dommages que les caricatures danoises se moquant du prophète Mahomet !

« Mme Wafa Sultan travaille actuellement à la rédaction d’un livre qui, s’il trouvait un éditeur, ferait se retourner le monde islamique. « J’ai atteint un point de non-retour qui ne permet pas de revenir en arrière, je n’ai plus le choix. Je remets en cause chaque enseignement de notre Livre Saint ». Le titre prévu est « Le prisonnier échappé : Quand dieu est un monstre».

« Dr. Sultan a grandi dans une famille musulmane traditionnelle de Banias en Syrie, petite ville sur la Méditerranée à deux heures de Beyrouth. Son père était un négociant en céréales et un musulman dévot, et elle a suivi les préceptes religieux jusqu’à l’âge adulte.

« Mais, elle dit que sa vie a basculé en 1979 quand elle était étudiante en médecine à Alep. À cette époque, le groupe radical des Frères Musulmans utilisait le terrorisme pour tenter de saper le gouvernement du président Hafez al-Assad. Un jour les des membres des Frères Musulmans sont entrés dans une salle à l’université et ont tué son professeur sous ses yeux.

« Ils ont tiré des centaines de balles en criant : Dieu est grand ! (Allah Akbar) » et elle ajoute, « à ce moment précis,j’ai perdu la foi en leur dieu, et commencé à remettre en question tous nos enseignements. C’était le tournant de ma vie, et cela m’a amenée à la situation présente. J’ai dû partir. J’ai dû rechercher un autre dieu ».

« Elle et son mari, qui a maintenant américanisé son nom en David, ont dressé des plans pour partir aux Etats-Unis. Leurs visas sont arrivés finalement en 1989, et les Sultan et leurs deux enfants (ils en ont eu un troisième depuis), se sont installés avec des amis à Cerritos en Californie, une communauté prospère en limite du comté de Los Angeles.

« Après une succession de métiers et de problèmes de langue, le Dr. Sultan a terminé sa licence de médecine. Wafa et David Sultan ont acheté une maison dans la région de Los Angeles et mis leurs enfants dans les écoles locales.

777.jpg« Mais alors même que le Dr. Sultan s’installait dans une vie confortable de classe moyenne américaine, la colère grondait en elle. Elle a commencé à écrire, d’abord pour elle avant de s’occuper d’un site réformateur de l’islam « Annaqed » (je critique) crée par un syrien expatrié à Phoenix. Un de ses essais sur les Frères Musulmans a attiré l’attention d’Al Jazeera qui l’a invitée à discuter avec un ecclésiastique algérien en juillet.

« Au cours de la discussion, elle a remis en cause les enseignements religieux qui incitent les jeunes à se suicider au nom de dieu. Elle lui a demandé « pourquoi un jeune musulman, avec la vie devant lui, doit-il se faire exploser ? Dans nos pays, la religion est l’unique source d’éducation et est la seule boisson dont le terroriste a été abreuvé jusqu’à ce que sa soif soit étanchée ».

« Ses remarques ont suscité des débats dans le monde entier et son nom a commencé à apparaître dans les journaux et les sites internet arabes. Mais sa réputation s’est accrue de façon exponentielle lorsqu’elle est réapparue sur Al Jazeera le 21 février, une intervention qui a été traduite et largement diffusée par l’Institut de Recherche sur les Medias du Moyen-Orient, connu sous le nom de Memri.

« Le choc dont nous sommes témoins sur terre n’est pas un choc des religions ou un choc des civilisations, c’est un choc entre deux opposés, entre deux ères. C’est un choc entre une mentalité qui appartient au Moyen Age et une mentalité différente qui appartient au XXIe siècle. C’est un choc entre la civilisation et le retard, entre civilisé et primitif, entre barbarie et rationalité ». Elle a dit qu’elle ne pratique plus pratique l’islam. « Je suis un être humain laïque ».

« L’autre invité était un professeur égyptien des études religieuses, Ibrahim Al-Khouli, qui lui a lancé, « êtes-vous une hérétique ? », ajoutant qu’il n’avait aucune raison de discuter (avec une hérétique), parce qu’elle avait blasphémé contre l’Islam, le prophète Mohamed et le Coran !

« Dr. Sultan a dit qu’elle a pris ces mots comme une fatwa formelle, une condamnation religieuse. Depuis lors, elle a dit avoir reçu de nombreuses menaces de mort sur son répondeur et par e-mail.

-  Un message sur répondeur : Vous êtes encore vivante ? Attendez et vous verrez !
-  Un message mail, en arabe : Si quelqu’un devait vous tuer, ce serait moi.

« Dr. Wafa Sultan a dit avoir peur de contacter sa mère qui vit toujours en Syrie, préférant passer par sa soeur résidant au Qatar. Elle dit qu’elle se fait plus de soucis pour la sécurité des membres de sa famille ici et en Syrie que pour elle-même.

« Je n'ai pas peur, je crois en mon message. Il est comme un voyage d'un million de kilomètres, et je crois que j'ai parcouru les premiers 10 kilomètres, les plus durs ».
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26 août 2007 7 26 /08 /août /2007 10:07
Stop aux aventures du P'tit Nicolas, ça déborde !

L'article reste à écrire [ça va venir]. C'est juste pour arrêter (aussi) le flux de pub sur le même qui vient se coller "tout seul" en tête de blog, comme en tête de gondole dans les supermarchés.

Ouf,
ça marche et ça repose! V'là de la "Chanson d'amour" à la place de l'autre infernal. Toujours ça de gagné.
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5 août 2007 7 05 /08 /août /2007 16:20

Sarkozy, envoyé spécial aux USA et critique de jazz

Comme ça, notre président y touche aussi et même en jazz ! On le croyait sombrant dans le stupre états-unien, que nenni ! S’il est là-bas –  certes dans un luxueux palais – c’est encore et toujours pour mieux gouverner, mon enfant. Et donc pour mieux surveiller ce qui se passe d’important dans l’Imperium, d’où et à propos duquel rien ne lui échappe.

Tenez, un Art Davis casse sa pipe et sa contrebasse en même temps, et hop, vlan, olé ! not’ président salue “un remarquable musicien et un formidable contrebassiste“. Certes, n’importe quel clampin en ferait autant, sans risque d’être trop contrarié.

>>> Lire tout
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29 juin 2007 5 29 /06 /juin /2007 19:37
Chronique congolaise -3. Même la magie ne peut pas tout


Kinshasa, Congo-RDC, jeudi.

Ce dimanche à Kin’, c’était la Journée nationale du Poisson. Des banderoles – ah, les calicots des rues africaines ! – claironnaient l’événement. La télé nationale a marqué le coup comme il se doit en suivant quelque ministre et son escorte visitant une pêcherie à Kisangani, dans les 2.000 km au nord-est de la capitale. J’ai aussi honoré l'événement à ma manière en mangeant ma part de poisson, du capitaine surtout, un régal. Aujourd’hui, fin de mon séjour, j’ai déjeuné « Chez Tintin », au bord du fleuve Congo, là où après plus de 4.000 km, il (le fleuve) commence à perdre toute retenue, roulant ses millions de mètres cubes sur les rochers qui précèdent les chutes. Une barge aventurée trop loin ne s’en est pas remise ; elles gît là au pied d’une station de pompage hydraulique.


Une secte évangéliste voisine a transformé le reporter en prédicateur. L'éthique journalistique en prend un grave coup. ©gponthieu


« Chez Tintin », une guinguette fameuse
qui, en fin de semaine, attire de nombreux Kinois. Mobutu aussi aimait l’endroit : son palais présidentiel (pillé depuis) dominait le fleuve, du haut du mont Ngaliema, « Chez Tintin », c
’est autrement plus modeste. Mais l’herbe y est verte et l’ombre généreuse. Et le reporter et son Milou montent la garde de plain pied, ainsi que Haddock non loin ; le reste de la mythologie hergesque est mis en fresque, face à un hétéroclite Lucky Luke…

Comparé à l’ordinaire congolais, c’est comme un coin de paradis. Avec le fleuve là tout près qui roule et rugit, lançant des vagues d’argent comme un dragon crache ses flammes. Mais le niveau hivernal, plus bas qu’en saison des pluies, bien sûr, laisse émerger quelques îlots, des plages même et comme des petits étangs intérieures. Un bord de Marne à l’africaine avec quelques (rares) baigneurs et des pirogues pour un tour de l’île.


En face, l’autre Congo, celui de Brazza et de l’ex Françafrique. Ici, c’est la rive foulée en 1879 par le British Stanley au profit du roi des Belges – ce Léopold qui voulait se faire aussi gros colonisateur que ses voisins bataves. Ah oui !, on peut dire qu’il a décroché le pactole avec un fameux morceau du continent noir – sur lequel il ne mit cependant jamais les pieds ! (Hergé non plus…) La Belgique doit en grande partie son niveau de développement à l’exploitation des richesses du Zaïre.

Dans sa cuisine, « maman » nous mijote un liboké, poisson du fleuve coupé en morceaux, assaisonné et cuit au bain-marie dans une feuille de bananier. Servi au bout d’une heure, avec des frites de banane plantin et une Primus, bière locale en bouteilles de 75 cl – que veut le peuple ? Justement, c’est bien la question. Réponse aussi sec en quittant les lieux, qui ne sont d’ailleurs pas les plus déshérités ; on est ici en dehors de la ville tentaculaire et la vie y semble moins âpre. Au moins les enfants ne jouent-ils pas dans les immondices, comme c’est si souvent le cas.



>>>

Avant celle du Poisson, donc, il y eut  le 16 juin la Journée de l’enfant africain. Même ce jour-là on peut parier qu’ils n’étaient pas à la fête : ni les enfants-soldats enrôlés dans les conflits à répétition ; ni les enfants des rues, garçonnets et fillettes parfois âgés de moins de dix ans. Ce sont souvent des « enfants-sorciers » : détesté par un beau-parent, par exemple, il est jeté à la rue après avoir été accusé de sorcellerie ; il tente alors de survivre de rapines et/ou en mendiant aux carrefours, à la merci des véhicules et de la pollution. « Le Potentiel » rapporte le cas d’un pasteur de Bukavu qui soupçonnait sa fille de dix ans de faire partie d’un groupe de sorcières. « Il l’a ligotée, battue et exposée sous un soleil ardent afin de la forcer à dénoncer ses complices. »

Revenons toutefois à la Journée du Poisson. C’est le sujet d’une délicieuse chronique du même « Potentiel », considéré comme le meilleur de la dizaine de quotidiens congolais – je le crois aussi. Yoka Lye signe là ses « Confidences de chauffeur de ministre ». Cette fois le satiriste raconte la virée des « Excellences paradant fièrement sous les regards des pêcheurs de Kinkole, passablement amusés».

Extraits du 27 juin : « […] La préposée attitrée du protocole s’était déjà arrangée pour mettre au frais un vin approximatif et frelaté d’Afrique du Sud, […] et pour le servir en exclusivité de ses propres doigts. On ne sait jamais, l’air en politique est si pollué de poison et de coups bas… Moi-même j’étais si heureux, heu-reux ! Heu-reux de savourer pour la première fois dans l’année un « mboto » à l’étouffé, un « capitaine » grillé, un « monganza » frit ouo un « mbizi-mayi » enpepe-soupe. J’ai tellement bien mangé, et surtout bien bu, que j’ai commencé à chanter et à danser la tête en bas, et les jambes en l’air. Mon patron de Ministre a ouvert les yeux grands comme ça et a pris des quintes de toux à force de rire…




« J’étais si heureux que j’ai gardé comme souvenir de cette Journée du poisson chaque arête de chaque poisson mangé comme reliques, puisque de tels rendez-vous pour de telles ripailles sont si exceptionnels (exceptionnels pour nous pauvres gens en-bas-d’en-bas devenus simples herbivores…) Ces reliques de poissons, arêtes et squelettes de têtes, seront consignées dans un bocal spécial transparent, et à chaque fois que j’aurai une faim spéciale de poisson spécial lors de la journée spéciale de Kinkole, je « revisiterai » (ah ! le mot à la mode !) le bocal pour humer le fumet sauvage du sacré poisson et me rassasier par cœur… »

Pendant que j’y suis, je continue à feuilleter « Le Potentiel ». Là, trois-quarts de page sur l’ouverture de l’agence Nokia à Kinshasa. Le téléphone cellulaire, cette nouvelle folie africaine. Pas de ronds, pas de quoi bouffer, mais chacun ou presque caresse son téléphone et se ruine pour lui, faisant du secteur le premier de ces pauvres économies. Se sentir rattaché au monde, premier besoin fondamental de l’homo technicus…

Un titre superbe dont bien des journalistes africains ont le secret : « DGRAD : mise en place des stratégies pour la maximisation des recettes non fiscales ». Suit une demi-page à tomber raide. À propos de (langue de) bois : un mot sur la forêt, jungle de tous les fantasmes et surtout de tous les profits. Des modestes a priori, provenant du bois de cuisine qui, à pleins camions de fagots et de sacs de charbon, converge vers Kinshasa. Et de bien plus considérables, générés cette fois par l’exploitation intensive des essences les plus précieuses. Des cohortes de grumiers viennent, en amont de Kinshasa, charger les troncs somptueux charriés par le fleuve en trains de flottage ; ils sont alors acheminés jusqu’au port de Matadi, et vogue la mondialisation ! Tandis qu’à défaut de la moindre industrie nationale, le gouvernement a dû récemment passer commande à l’autre Congo de quelque 11.000 poteaux électriques…

Ainsi en est-il du bradage des ressources qui se perpétue au fil des décennies et des dirigeants regimbant à investir, si tant est que, selon le proverbe africain, « la chèvre broute tout autour de son piquet ».. Hier à l’aéroport, le hasard m’a fait croiser un certain Didi Kinuani, considéré comme le plus riche des diamantaires congolais. Je l’ai su parce qu’un employé de l’aéroport n’a pu s’empêcher de le pointer du doigt en le traitant de « riche pourri ». C’était surtout à mon intention ; l’autre n’a rien entendu ; trop loin, entouré de ses gorilles, il s’est engouffré dans une limousine noire qui l’attendait aux marches du salon d’honneur.

À propos de gorilles, les vrais cette fois, drame affligeant dans le Nord-Kivu : une gorille femelle allaitante a été retrouvée abattue le 9 juin, dans le parc national du Virunga. Effectuant leur suivi matinal, rapporte l’Agence congolaise de presse, les gardes ont récupéré le bébé de trois mois presque déshydraté et qui s’accrochait encore au cadavre de sa mère, touchée à l’épaule gauche.  Plusieurs cas de tueries « gratuites » de gorilles (il ne s’agit pas d’actes de braconniers qui emporteraient le cadavre) ont été signalés dans cette région toujours secouée par des conflits meurtriers ; en l’occurrence, tuer des gorilles participe de la déstabilisation générale de la région et donc du pouvoir.

« Non loin » de là, au nord-ouest, dans la Province orientale, ce sont des éléphants qui mettent le souk dans des villages, détruisant les plantations et les cases. Pour l’administrateur du territoire de Boko, si la situation se dégrade en général, c’est à cause des Mbororo (ou Bororos) : « Ces éleveurs venus de la Mauritanie, de Centrafrique, du Soudan et du Tchad et munis d’armes à feu, occupent de force les terres des autochtones qui sont contraints à pénétrer dans la forêt à la recherche d’autres espaces, perturbant ainsi la vie normale dans cette contrée. »

À Tshikapa, a raconté Radio Okapi, on a détruit par le feu 1.000 kilos de chanvre indien, 450 litres d’alcool local et… 2.000 kilos de… whisky en poudre. On n’en saura pas plus sur la recette. La rubrique « santé au féminin » est heureusement plus explicite. Sous le titre « Dix conseils pour mettre fin à la constipation », le quatrième intime de « penser aux pruneaux »… Pas de problème, il n’y qu’à passer à la plus proche boutique de pruneaux d’Agen, première à droite au fin fond de la forêt. L’article, sans doute pompé sur internet, comme tant d’autres, précise qu’il s’agit d’un remède de « grand mère » – mais ça ne doit pas être Lucy.

Une nouvelle campagne bat son plein à Kin’, lancée par le gouvernement sur le thème du «changement de mentalité». Vaste programme, d’autant qu’on ne dit trop de quelle « mentalité » il peut bien s’agir. Moyennant quoi suffit-il d’invoquer le Changement, objet d’incantation. Pourquoi ne pas croire à la force du verbe, à la magie des mots ? Tant de divinités animent les rêves des peuples de la Forêt ! Ainsi un journaliste me racontait avec force conviction le récit d’un confrère ayant été « directement » témoin de l’incroyable et pourtant magique réalité : Dans un village, province de Maniema, une expérience surnaturelle s’est produite, vrai de vrai… Une case s’est soudain illuminée, comme si elle contenait le soleil. Alors que juste avant, il y pleuvait à verse. Et pas une goutte autour. Puis un homme est sorti de la case et s’est offert aux balles des bandits qui voulaient le tuer : les balles ricochaient sur sa poitrine !

Si ! Il a vu ça de ses yeux vu, et ce témoin est sérieux, on doit le croire…

Ce qui est sûr, en tout cas, c’est que le Congo se trouve bien au cœur de l’Afrique.



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>>> Lire aussi :

Chronique congolaise - 2. Où même le Coca n’arrive pas

Chronique congolaise - 1. Le Congo-Kinshasa se trouve toujours au cœur des ténèbres

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10 juin 2007 7 10 /06 /juin /2007 16:51

Datant de 2006, cet article ne tient pas compte de l'intervention éthiopienne de cette année 2007 en Somalie. Soutenue par les Américains, l'intervention n'a rien réglé du problème somalien. En fait, sous prétexte de lien avec Ben Laden, cette opération a conduit à internationaliser le conflit interne et interclanique somalien, la référence à Al-Qaïda, proclamée ou non par les Tribunaux islamiques, ayant peu avoir avec un soutien effectif à Ben Laden.

Djibouti. L’oncle Sam n’a rien vu,
rien entendu


Envoyé spécial, Gérard Ponthieu.
Pour Marianne, n°478, 17/06/2006

Mais que font donc les troupes américaines à Djibouti ? La prise de Mogadiscio, ce 5 juin [2006], par des combattants de l'Union des tribunaux islamiques – des fondamentalistes – pimente salement la question. Quoi, n’auraient-ils encore rien vu venir ? Alors que la frontière avec la Somalie est là, quasiment à portée de jumelles, à une dizaine de kilomètres de ce camp fortifié, poste avancé de l’Amérique bushienne : 1.500 militaires installés à partir de 2002 dans cet ancien camp français de la Légion. Des Marines surtout, mais aussi des agents des « forces spéciales » et de la CIA – soit les yeux et les oreilles du Renseignement US braqués sur cette région aussi brûlante que stratégique. Car de Djibouti, comme du haut d’un balcon, vous avez vue plongeante sur un sacré chaudron : toute l’Afrique orientale et sa corne somalienne, mais aussi le Yémen et l’Arabie saoudite, pays d’origine d’un certain Ben Laden. Être aux premières loges n’empêche donc pas la myopie.

Washington vient de perdre sa deuxième bataille de Mogadiscio. Certes, pas de morts chez les boys cette fois comme en 93. Leçon retenue : que tout se joue entre Somaliens ! Du moins en apparence, les ficelles étant tirées en douce – à coups de millions de dollars, le prix à payer pour « nettoyer » le pays de ses islamistes. Fiasco intégral ! L’Alliance* montée et soutenue par Washington avec les « Seigneurs de la guerre » a été défaite par les combattants des « Tribunaux islamiques » et autres possibles néo-talibans. Les uns et les autres, tous voyous de grand chemin, sans autre foi ni loi que celles liées à quinze ans de guerre civile. 500.000 morts peut-être…

Or, la toute première des raisons d’être du Camp Lemonier – sur place, en novembre dernier, le major Ron Watrous m’en fera toute une théorie appuyée de schémas colorés sur son ordinateur – c’est, je cite : « Détecter, perturber et détruire définitivement les groupes transnationaux de terroristes opérant dans la région » […] « afin d’en augmenter la stabilité à long terme »…

À Lemonier, ce 12 avril, il y a eu une relève de commandement. Le général des Marines, Timothy Ghormley a passé la main à l’amiral Richard Hunt. Cérémonies et congratulations à tout va. Le premier : « Nous mettons en place les conditions pour la victoire. Nous évitons une répétition de ce qui s’est passé en Irak ou en Afghanistan. […] Si nous n’étions pas là, ils [Al-Qaïda en Somalie] y seraient ». Son successeur a opiné. Il ne devinait rien de cette « patate chaude » dont il venait d’hériter. Moins de deux mois après, on entend d’ici la « remontée de ceinturon » en provenance de Washington et du secrétaire à la Défense… Lequel Rumsfeld, venu en décembre 2002 inaugurer le camp réaménagé, avait donné le la en claironnant les mêmes litanies !

« Camp Lemonier ». Même en américain ça se prononce bien. Un an tout juste après le 11-septembre, les États-Unis débarquaient là avec armes et bagages – et plus d’un millier de Marines. L’opération « Liberté immuable » venait d’être lancée, touchant aussi cette Corne de l’Afrique en sa pointe la plus acérée, la Somalie. Il s’agissait de dresser les remparts de la Liberté contre les nouveaux fous d’Allah, d’opposer la Force du Bien à celles, innombrables, du satan djihadiste. La Force, certes, mais dans le gant de velours préventif de l’assistance, de l’humanitaire – la fameuse « bataille des cœurs et des esprits » (« battle of hearts and minds »).

Petit matin à Djibouti. Le taxi longe le bord de mer. Déjà le soleil du Levant a mis le feu au golfe d’Aden. Plus que quelques minutes avant la fournaise. On dépasse les casernements français où les « locaux » arrivent pour l’embauche journalière chez le premier employeur du pays. Direction l’aéroport et ses bases militaires. C’est d’ailleurs la nationale 2 qui mène à la Somalie voisine, vers Berbera et Mogadiscio. Je l’avais parcourue avant l’indépendance de 77 avec Hassan Gouled, le futur premier président. La période était déjà durement tendue : Érythrée, Éthiopie, Tigré, Ogaden – autant de zones de conflits. Sans parler de cette France accrochée à son dernier confetti lointain, ce Territoire français des Afars et des Issas, convoité lui aussi par les Somalis d’à côté… Djibouti-ville était alors enfermée par un barrage électrifié et miné ! Passons.

Décor d’Afrique. La pauvreté et ses couleurs de sable sale, ses tas d’immondices, sacs plastiques, carcasses de bagnoles et de frigos sur des kilomètres. Des hordes de joggeurs à poil ras et en nage se hâtent de regagner la caserne. Ici les gars des FFDj (Forces françaises de Djibouti, 2.850 hommes) ou des légionnaires de la 13e Brigade ; plus loin les boys, eux aussi en maillots et shorts tricolores.

On vient de doubler les pistes de l’aéroport d’Ambouli, partagées entre civils et militaires. Les taxis n’approchent pas des premiers barrages, encore moins de la tour mirador. Le visiteur doit avancer à pied sur une centaine de mètres, entre plots de béton et barbelés. J’annonce mon rendez-vous. Fusil-mitrailleur, casque et gilet pare-balles, le planton transmet vers la guérite à vitrage blindé.

M’y voilà presque… progressant d’une autre centaine de mètres dans un no man’s land, parvenant au sas de sécurité, enfin rejoint par mon contact au visage souriant, rencontré la veille pour l’ « examen d’entrée » au camp. Le sergent major Dona Perdue – d’origine lointainement française, 39 ans, dont 21 chez les Marines – allait me servir de guide, une fois franchis les derniers contrôles « serrés ». 

Trente-cinq hectares d’Amérique en voiturette découverte. Pas exactement Dysneyland. Un peu M.A.S.H., plutôt. On va ainsi tourner une bonne partie de la matinée. Beaucoup de mouvements et d’engins de chantier sur l’espèce de périf interne. Puis des alignements serrés de tentes-bungalows avec leurs abris de béton. Dona me présente son « home », pas peu fière de me montrer les quelques soucis qu’elle a plantés devant la porte – et le drapeau des États-Unis !

On continue à parcourir ce village américain reconstitué : bornes fontaines un peu partout avec bacs à glace, bouteilles d’eau minérale à volonté. Lavabos multiples et savon désinfectant. Un monde en autarcie qui fait jaser plus d’un Djiboutien : « Les Américains, on ne les voit pas ! Zéro contact… Terrés dans leur camp… Paranos. Ils font même venir le Coca des Etats-Unis ! » Ils ont pourtant des permissions de sortie, moyennant un protocole de sécurité ; mais ils n’en usent que fort peu, préférant rester au camp où a été reconstituée une vie à l’américaine : chapelle, supermarché, gymnase super équipé ; terrain de sport, piscine, salons de détente (lecture, télé, vidéo, internet) – tout ça sous atmosphère climatisée produite par des dizaines de groupes électrogènes.

Jamais Dona ne me lâchera d’une semelle. Parfois, elle m’interdit de photographier. Par exemple quand on se rapproche du tarmac, tandis qu’en face tonnent « nos » Mirages. Je sais bien qu’elle me traîne comme un tour-operator évitant certains lieux… mal famés. Telle cette immense tente, haute d’une douzaine de mètres, dans son enclos spécialement barbelé, et qui m’intrigue, évidemment : « – Qu’est-ce qu’il y a dessous ? – C’est secret ! – Des antennes ? – Je ne sais pas ! – Vraiment ? – … [sourire] » Ainsi, je ne verrai rien de l’armement, et encore moins donc des « grandes oreilles » de l’oncle Sam. C’est pourtant d’ici même qu’en novembre 2002, un mois donc avant la visite de Rumsfeld, avait été mis en œuvre par la CIA un missile tiré par un drone Predator, éliminant six membres présumés du réseau Al-Qaida au Yémen, juste de l’autre côté du détroit.

Dona m’invite à déjeuner. Au self, tenu par Kellogg Brown and Root, filiale d’Halliburton si chère au cœur et plus encore au porte-monnaie de Dick Cheney, le vice-président américain. C’est tout de même très correct… Meilleur à tout coup qu’au Burger King, non loin de la chapelle. Là où s’achève ma visite sur une note, pour le coup, très « série B » : la cérémonie du 230e anniversaire de la naissance du corps des Marines (1775), avec accueil des nouveaux arrivants et rituel d’intégration, et toute sa symbolique pagano-religieuse… Tout cela au son des hymnes enregistrés, et devant la baraque du Roi Burger. Pendant ce temps, à Mogadiscio…

––––––––
* ARPCT : Alliance pour la restauration de la paix et contre le terrorisme.
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10 juin 2007 7 10 /06 /juin /2007 16:41
Assassinat du juge Borrel. Mon témoignage sur l’affaire qui dérange les intérêts bien compris franco-djiboutiens
par Gérard Ponthieu

L’affaire du juge Borrel assassiné à Djibouti en 1995 devient une affaire d’États. De deux États réunis dans un intérêt commun à masquer depuis bientôt douze ans une vérité dérangeante. Tant d’obstination politique à tenter de déguiser en suicide la mort d’un magistrat en service commandé du gouvernement de la République française, ne peut qu’être à la mesure proportionnelle des enjeux. Quels enjeux ?


Le livre de Mme Borrel, Un juge assassiné (Flammarion, 2006), de multiples contre-enquêtes et articles, et jusqu’à l’excellente émission diffusée sur Canal + ce 4 juin (Lundi investigation) ne laissent plus la place au doute quant aux réalités de l’assassinat. Je n’ai évidemment rien à ajouter aux éléments de l’enquête proprement dite. Mais je peux apporter mon témoignage quant au contexte local et géopolitique.

J’ai séjourné une semaine à Djibouti en novembre 2005 pour un reportage. L’affaire Borrel rendait l’atmosphère palpable. Du moins pour un Français blanc, et particulièrement pour un journaliste débarqué sur le territoire en catimini. Toute demande de visa de journaliste étant rejetée depuis plusieurs mois, je suis arrivé comme touriste depuis Adis-Abeba, par le « fameux » train ex-franco-éthiopien, devenu djibouto-éthiopien (voir sur ce blog). J’avais déjà, dans la capitale éthiopienne, rempli ma besace d’informations sur l’affaire. Des rumeurs, en partie, mais aussi des données recoupables, sourcées indirectement pour certaines auprès du renseignement états-unien.

Car il faut souligner à quel point les Etats-Unis se sont ancrés dans la Corne de l’Afrique. Et pour cause, il suffit pour comprendre cela de regarder une carte régionale et considérer notamment toute la partie à l’Est de la mer Rouge : Yémen, Arabie saoudite, émirats – et l’Irak-Iran. Et, tout autour de Djibouti : l’Éthiopie bien sûr, comme allié américain, face à l’Érythrée, le Kenya et surtout la Somalie. J’expose cela plus en détail dans l’un de mes articles (Marianne n°478 du 17 juin 2006) et plus encore dans ce qui n’a pas été publié alors et que j’ai décidé de mettre en ligne maintenant sur « c’est pour dire ». [lien à installer]

En fait, j’avais proposé au Monde 2  un reportage sur la base américaine de Djibouti – ce qui n’a finalement plus intéressé la rédaction en chef [de la dure condition du pigiste de fond, même si pas né de la veille]. Du coup, je publie ici ma note de cadrage de l’époque ; elle reste très actuelle, en particulier depuis la reprise du brasier somalien et l’intervention éthiopienne.

Revenons « sur place »… J’ai là-bas quelques accointances. En particulier depuis un premier reportage, fin… 1971, dans ce qui était encore le Territoire français des Afars et des Issas (TFAI), un des derniers confettis de l’empire colonial français. Un reportage pour Tribune socialiste, l’hebdo du PSU. Hassan Gouled – le futur premier président de Djibouti –, après des années de gaullisme bon teint, avait pris la tête de l’opposition à relents d’indépendance. Ainsi était-il venu rencontrer le « jeune et bouillant » (d’alors…) Michel Rocard. Fer de lance de l’anticolonialisme – nous n’étions que dix ans après les accords d’Évian marquant la fin de la guerre d’Algérie –, le PSU ne serait pas en reste sur Djibouti.

C’est ainsi que je précédais là-bas, de deux semaines, la visite officielle en janvier 72 du président Pompidou. En lui savonnant la planche, mon reportage allait faire grand bruit et, indirectement, contribuer à hâter le processus d’indépendance.

>>>

Je ne connaissais rien de cette Afrique de la « corne ». Ce que j’allais découvrir était stupéfiant: une ville miséreuse assiégée par une armée d’occupation, fermée par un barrage électrifié et miné ! Le « mur de la honte» africain ! Personne ou presque « en métropole » n’avait eu vent d’une telle situation. Pour pouvoir en témoigner, il me faudra vaincre bien des obstacles dressés par l’ « occupant » qui avait flairé le coup fourré. Je fus arrêté à plusieurs reprises par des compatriotes en uniforme… Il fallut déjouer pièges et contrôles pour mettre mes photos à l’abri et les faire parvenir à Paris avant mon départ. Car tout se savait dans cette petite ville sous occupation coloniale.

Aussi est-ce en pleine nuit que je fus réveillé pour être conduit clandestinement à la morgue de l’hôpital. Le cadavre d’un jeune homme, la tête éclatée par une balle (ou une mine) venait d’y être déposé. C’était la quatrième victime du barrage depuis mon arrivée. Cette fois, le corps avait été récupéré et allait pouvoir témoigner, en quelque sorte: j’avais l’identité de la victime, les circonstances de la mort de Moussa Daher Logué qui tentait de rejoindre les siens dans la ville assiégée. [Je publierai ici, plus tard, l’intégralité de ce reportage]. La photo de ce malheureux fit la une de «TS» et fut reprise dans beaucoup d’autres journaux en France et à l’étranger ; elle s’invita aussi, comme on dit, dans la conférence de presse tenue peu après par Georges Pompidou lors de son voyage dans le TFAI.

Je fais ce détour par l’histoire pour éclairer l’actualité de l’affaire Borrel. Borrel avec deux « r »… Car il se trouve qu’à Tribune socialiste, j’écrivais sous le pseudo de Gérard Borel… Cette quasi homonymie, je l’ai appris lors de mon dernier passage, avait un temps alimenté une rumeur selon laquelle, le journaliste d’alors était devenu juge d’instruction et en était mort…

Revenons à l’affaire et à son contexte historique que je tente d’éclairer ici à ma façon : Djibouti n’est un pays que relativement. Et, aujourd’hui, relativement à  deux armées occupantes, l’américaine et la française, soit près de 5.000 hommes installés là pour tenir un verrou stratégique, celui du détroit de Bab el-Mandeb, entre la mer Rouge et l’Océan indien. Il s’agit pour la France de tenir « sa place dans le monde », et cela tant bien que mal, depuis qu’il lui a fallu en rabattre de son hégémonie locale en admettant la cohabitation avec les Etats-Unis.  Pour eux en particulier, l’enjeu est de taille : sécuriser les voies maritimes en provenance du Golfe et donc l’approvisionnement pétrolier ; renforcer leurs dispositifs militaires sur la corne de l’Afrique, particulièrement instable (Kenya, Somalie, Éthiopie-Érythrée, Soudan) et sur cette partie de l’Arabie (royaume saoudien et Yémen) fortement marquée par Al-Qaïda…

Ce « pays » est aussi une dictature. Une dictature « molle », à défaut de moyens pour la durcir. Son homme « fort » et président, Ismaël Omar Guelleh présente les pires travers du politicien corrompu autant que corrupteur. Pour tout dire, c’est un pur produit de cette Françafrique qui, si elle meurt un jour, agonisera précisément à Djibouti…  Avant de devenir « OIG », ce policier fut officier français des Renseignements généraux… Sous la présidence de Hassan Gouled, on le vit gravir les échelons, devenir directeur des services secrets…, puis chef de cabinet du président – auquel il va succéder enfin.

Pour faire vite, OIG est aussi un affairiste imbriqué dans de multiples commerces locaux liés à l’énergie, aux transports – et au khât, la drogue locale. Il raffole du luxe et des belles voitures (il en posséderait une trentaine, affirment ses opposants). C’est un claniste oeuvrant pour sa tribu des Mamoassans, des Issas qu’il a placés aux postes-clés du régime, à commencer par sa garde rapprochée. Il contrôle ainsi les médias (ce n’est pas difficile… mais nécessaire là aussi) et surtout la justice…

Justice, « justement »… Ce n’est tout de même pas un de ces petits juges français qui va mettre le souk dans un monde si prospère ! Bernard Borrel, forcément, avait appris bon nombre de « choses » sur la réalité djiboutienne et les pratiques de son président. Comment, sinon, expliquer tant d’ardeur à « prouver » – en fait à postuler l’impossible suicide du juge ?

Elisabeth Borrel pense que son mari en savait trop sur l'attentat visant la communauté française de Djibouti, perpétré au Café de Paris le 27 septembre 1990, et dont les auteurs auraient agi sur ordre d'Omar Guelleh. "Mon mari pensait qu'il était le commanditaire", assure la veuve du juge.  Les mobiles ne manquent pas, tant sur le plan de la politique intérieure – opposition armée de rebelles afars – que régionale et internationale : où l’on retrouve les accointances tribales d’OIG avec la Somalie voisine et de même ethnie, et peut-être aussi la « main » d’Al-Qaïda, précisément à l’œuvre en Somalie. Sur ce point, des hypothèses circulent, faisant état d’un trafic d’uranium enrichi auquel OIG serait mêlé – et que le juge Borrel aurait aussi découvert. C’est un cas de figure qui m’avait été présenté à Addis-Abeba par un informateur fiable. C’est aussi l’hypothèse retenue par Bernard Nicolas dans son enquête « Assassinat du juge Borrel : une affaire française » (Canal +, 4/06/2007), qui a pisté une filière menant à des trafiquants éthiopiens à Addis-Abeba.

J’arrête là pour aujourd’hui, renvoyant à mes autres articles sur ce blog. Non sans toutefois mentionner, entre autres, trois faits montrant bien la nature « affaire d’État » de cet imbroglio :
l’embrassade Chirac-Guelleh sur le perron de l’Élysée, en mai 2005, alors que l’ « affaire » se trouvait re-lancée ;
l’absence d’OIG du dîner offert par Chirac lors du sommet « Afrique-France » à Cannes en février dernier. La juge Sophie Clément, chargée du dossier Borrel, avait convoqué le président djiboutien…
– les scandaleux refus d’obtempérer aux juges de gendarmes et de gardes républicains lors des perquisitions judiciaires aux ministères de la justice, des affaires étrangères et à l’Élysée.

Si cette affaire aboutit jamais – au sens au des mis en examen seraient confondus et traduit en justice – elle serait tout à l’honneur d’Elisabeth Borrel et à sa courageuse obstination, rejointe en cela par quelques magistrats et avocats. Mais on peut déjà dire que le voile a été levé quant aux implications politiques dissimulées derrière la fameuse raison d’État.

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